La prestation compensatoire

Qu’est-ce que c’est ?

Il s’agit d’un capital versé par un époux à l’autre époux pour venir compenser la disparité dans les conditions de vie respectives des époux créée par la rupture du mariage.

Les textes légaux

Les articles 270 et suivants du Code civil fixent les conditions et les modalités de la prestation compensatoire.

Depuis la loi du 11 juillet 1975, la compensation pécuniaire ne prend plus la forme pension alimentaire. Désormais, la prestation compensatoire se matérialise en un versement forfaitaire et définitif.

Il est cependant possible d’échelonner le versement du capital sur une période maximale de 8 ans.

Depuis la loi du 26 mai 2004, il est possible d’obtenir une prestation compensatoire même si le divorce est prononcé aux torts exclusifs du créancier de la prestation.

Les différentes formes envisageables
Le principe est le versement d’un capital et l’exception est l’attribution d’une rente viagère (article 276 du Code civil).

La prestation compensatoire par l’attribution d’un capital peut prendre différentes formes :

  • Le versement d’une somme d’argent (échelonnable sur 8 ans, article 275 du Code civil)
  • L’abandon de tout ou partie d’un bien immobilier (sur sa quote-part du domicile conjugal par exemple)
  • L’attribution d’un droit d’usage et d’habitation (très peu utilisé)
Les conditions d’attribution
Le droit à obtention d’une prestation compensatoire dépend principalement de critères financiers (à savoir les conditions de ressources et de charges de chaque époux) mais pas uniquement :

L’article 271 du Code civil en énumère les critères :

  • la durée du mariage ;
  • l’âge et l’état de santé des époux ;
  • leur qualification et leur situation professionnelles ;
  • les conséquences des choix professionnels faits par l’un des époux pendant la vie commune pour l’éducation des enfants et du temps qu’il faudra encore y consacrer ou pour favoriser la carrière de son conjoint au détriment de la sienne ;
  • le patrimoine estimé ou prévisible des époux, tant en capital qu’en revenu, après la liquidation du régime matrimonial ;
  • leurs droits existants et prévisibles ;
  • leur situation respective en matière de pensions de retraite en ayant estimé, autant qu’il est possible, la diminution des droits à retraite qui aura pu être causée, pour l’époux créancier de la prestation compensatoire, par les circonstances visées au sixième alinéa. »

 

Le Juge aux Affaires Familiales examine les situations des époux au moment du divorce et prend en compte l’évolution des conditions de vie dans un « avenir prévisible ».

Ainsi, les droits de retraite sont pris en compte mais pas les héritages futurs (civ 1ère 06/10/2010 – n°09-10989).

L’évaluation des besoins dépend des revenus et des charges
Les revenus qui ne sont pas pris en considération

  • Les allocations familiales destinées aux enfants dont l’époux a la charge ne sont pas prises en compte dans l’évaluation des ressources (civ 1ère 06/10/2010 – n° 09-12718 et 09-68491).
  • Les pensions alimentaires pour contribuer à l’entretien et à l’éducation des enfants (civ 1ère 06/12/2005 – n° 04-20131).
  • Les futures pensions de réversion au décès de l’ex-époux (civ 1ère 6 /10/2010 – n° 09-15346.)

Les revenus qui sont pris en considération

  • L’allocation d’adulte handicapé (civ 1ère 31/03/2010, N° 09-13060).
  • Le revenu minimum d’insertion (civ 1ère 09/03/2011 – n° 10-11053).
  • L’indemnité de licenciement (Civ 1ère 06/07/2011 – n° 10-20188)
  • L’indemnité versée par la commission d’indemnisation des victimes d’infractions (Civ 1ère 25/10/2005 n° 04-12234).

Les charges incompressibles

  • Le loyer ou les charges de copropriété,
  • L’alimentation et les dépenses d’entretien
  • EDF
  • GDF
  • L’eau
  • L’assainissement
  • Les impôts et taxes
  • L’assurance habitation
  • Les frais liés au transport pour se rendre au travail
  • Les crédits immobiliers
  • Certains crédits à la consommation (ex : prêt pour la voiture)
  • Les frais scolaires des enfants / cantine / centre de loisirs
Le calcul

Dans un divorce amiable, les époux s’accordent entre eux sur le montant.

Dans un divorce contentieux, c’est à l’avocat d’effectuer une simulation de versement de prestation compensatoire en effectuant des calculs (Ce sera la moyenne de 6 méthodes de calculs différentes).

Il s’agit d’un travail long et précis selon des critères spécifiques exigés par la jurisprudence de la Cour de cassation et des Cours d’appel.

La révision

l’article 276-3 du Code civil

Elle ne peut être demandée que par le celui qui la verse.

La révision n’est accordée que dans des cas très spécifiques (rente viagère ou modification des modalités de versement du capital) suite à un changement conséquent dans les ressources du débiteur.

La prestation compensatoire non versée (ou partiellement versée)
  • Le délit d’abandon de famille

Le non-paiement d’une prestation compensatoire accordée par un jugement de divorce est constitutif du délit d’abandon de famille.

Selon l’article 227-3 du Code pénal : Le fait, pour une personne, de ne pas exécuter une décision judiciaire ou une convention judiciairement homologuée lui imposant de verser au profit du conjoint une prestation compensatoire en demeurant plus de deux mois sans s’acquitter intégralement de cette obligation, est puni de deux ans d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende.

  • Le recouvrement

La mesure de paiement direct mise en place par huissier de justice avec un prélèvement automatique de la somme non versée entre les mains de l’employeur ou sur les comptes bancaires n’est possible que pour les rentes viagères.

La mesure de paiement direct est exclue pour le capital fractionné sur huit ans ou moins.

Les mesures de saisies restes ouvertes dans tous les cas, sauf s’il y a prescription.

La fiscalité de la prestation compensatoire
  • En cas de paiement en une ou plusieurs fois dans les 12 mois à compter du divorce passé en force de chose jugée

Le débiteur bénéficie d’une réduction d’impôt sur le revenu équivalent à 25% du montant de la prestation compensatoire (Selon l’article 199 du Code général des Impôts)

Dans la limite d’un plafond de 30 500 € et avec une réduction maximum de 7 625 €.

Si les sommes ont été réparties à cheval sur deux années, la réduction d’impôt est également répartie sur deux ans au prorata des versements effectués.

Le créancier n’est quant à lui pas imposé au titre de ses revenus et n’a donc pas à déclarer les versements.

 

  • En cas d’un paiement au-delà des 12 mois à compter du divorce passé en force de chose jugée

Une prestation reçue sur plus de 12 mois devient taxable, selon le régime fiscal des pensions alimentaires.

Pour le débiteur, les versements sont déductibles de son revenu imposable, sans limite de plafond.

Pour le créancier, ils sont imposables au titre de l’impôt sur les revenus.

 

  • En cas de rente viagère

Pour le débiteur, les versements sont déductibles.

Pour le créancier, ils sont imposables.

Bon à savoir

Si la prestation compensatoire est versée sous forme de rente viagère ou échelonnée sur un maximum de 8 années, la somme est indexée chaque année suivant les calculs du site de l’INSEE (C. cass.1ère civ. 31 mars 2010 (pourvoi n°09-12692)

Cf  www.insee.fr